France

Mayotte : nouvelle nuit de tensions sur fond d’affrontements entre bandes

Des groupes de jeunes se sont à nouveau faits face à Mamoudzou, secouée depuis plusieurs jours par des affrontements. Les forces de l'ordre, qui doivent recevoir l'appui du Raid sous peu, ont dû s'interposer.

La situation est restée tendue dans la nuit du 21 au 22 novembre à Mamoudzou, la plus grande ville de l’île de Mayotte, après plusieurs jours de violences entre jeunes de quartiers rivaux suite au meurtre de l’un d’entre eux.

Au nord, entre les quartiers de Kawéni et Majikavo, les forces de l’ordre ont tenu à l’écart plusieurs groupes qui voulaient s’affronter, selon une source policière. Rebroussant chemin, des petits groupes en ont profité pour agresser des usagers de la route, selon des témoins. Au sud de Mamoudzou, des policiers de la brigade anticriminalité sont intervenus vers 20h (heure locale, soit 18h à Paris) pour dégager un barrage à Tsoundzou, tandis qu’un groupe de jeunes recherchait l’affrontement avec les forces de l’ordre à Cavani.

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin (image d'illustration).

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Vers 5h, un groupe d’individus a dressé un barrage avant d’y mettre le feu près du tribunal, dans le même secteur. Les forces de l’ordre ont rapidement levé la barricade et rétabli la circulation sur cet axe routier, qui permet d’accéder à Kawéni, le principal bassin d’emplois de l’île, selon une source policière. 

Le chef-lieu de Mayotte est secoué depuis une dizaine de jours par des conflits entre bandes rivales et quartiers qui ont fait un mort le 12 novembre – un jeune de 20 ans tué à la machette – et plusieurs blessés. Le quartier de Kawéni, d’où était originaire la victime, s’est alors embrasé après l’attaque d’un bus scolaire. Le 19 novembre, 200 à 250 jeunes issus de ce quartier se sont réunis pour en découdre avec ceux du quartier de Doujani, plus au sud, selon la police. Le 20 novembre, un automobiliste a été poignardé à Mtsapéré Bonovo, un autre quartier de Mamoudzou, toujours selon une source policière.

Les élus locaux évoquent un «déchaînement inouï de violences»

Le ministère de l’Intérieur a annoncé le 21 novembre l’envoi d’une dizaine de policiers du Raid, l’unité d’intervention d’élite de la police, qui doivent arriver ce 22 novembre à Mayotte pour venir épauler les forces de l’ordre. Cité par Outre-mer La Première, le sénateur Thani Mohamed Soilihi (majorité présidentielle) s’est réjoui de l’annonce gouvernementale, en notant que «les forces de l’ordre, malgré leur professionnalisme, sont dépassées» par le «déchaînement inouï de violences» qui sévit sur l’île.

Le 18 novembre, la députée Estelle Youssouffa (groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, LIOT) a mis en garde contre le risque de voir la population se faire «justice elle-même», et a même évoqué un possible basculement «dans la guerre civile» si rien n’était fait pour restaurer l’ordre à Mayotte. L’élue a lié les violences actuelles à «l’immigration clandestine» et aux «mineurs délinquants» qui devraient être selon elle expulsés.

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