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Policiers en civil lynchés dans les rues, traqués à leur domicile : l’angoisse monte dans les unités

Les forces de l’ordre ne sont pas seulement prises à partie durant les émeutes. Les agents sont aussi visés quand ils sont hors service, parfois jusqu’à leur domicile. L’inquiétude des policiers est palpable face à ce risque permanent de lynchage.

«Nous, les policiers, sommes aussi devenus des cibles de cette ultra-violence qui se multiplie […] Il y a carrément eu des appels à lyncher du flic !» Abdoulaye Kanté, policier et auteur de Policier, enfant de la République (éd. Fayard, 2022), analysait ainsi le 2 juillet sur LCI la violence à laquelle sont confrontés ses collègues.

Le 30 juin à Marseille, deux policiers qui sortaient d’une soirée ont été reconnus par une vingtaine d’émeutiers, qui les ont passés à tabac. L’un des deux a été victime de coups de couteau. Les images d’une rare violence qui ont circulé sur les réseaux sociaux montrent les hommes gisant à terre. Souffrant de multiples fractures et traumatismes, ils ont été hospitalisés. Ils sont toutefois maintenant hors de danger. Le syndicat des commissaires (SCPN), apportant dans un tweet son «soutien» aux victimes, a souligné que «l’un d’eux aurait pu perdre la vie».

«Je pense à ces policiers de Marseille qui ont été molestés et qui, aujourd’hui, luttent pour la vie parce qu’ils ont été reconnus en dehors de leur service et battus par terre comme des chiens, il n’y a pas d’autre mot», a réagi le même jour sur TF1 Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. Le syndicat de police a tweeté que les deux policiers avaient été «lynchés par des sauvages».

Un cas qui est loin d’être isolé. Les délinquants ne s’en prennent pas seulement aux forces de l’ordre qui les affrontent lors des émeutes et des pillages, certains d’entre eux vont jusqu’à les traquer hors service. 

Le 2 juillet, les forces de l’ordre ont interpellé un homme à proximité du commissariat de Vénissieux (à proximité de Lyon), qui était en train de relever les plaques d’immatriculation des véhicules privés des policiers. Des individus munis de bidons d’essence, de battes de base-ball et de tournevis ont aussi été interpellés. 

«Trouver des flics en civil pour les passer à tabac»

Le 30 juin, des avertissements entre policiers circulaient sur les boucles WhatsApp de policiers, et sur les réseaux sociaux : «Si vous connaissez des collègues qui rentrent sur la RN3 direction Bondy, des mecs arrêtent les voitures pour voir s’il n’y a pas des collègues dedans», pouvait-on lire par exemple. «C’est ce qui se passe sur notre secteur également ! Ils stoppent les voitures aux horaires de prises de service ! Gennevilliers, Nanterre U, Nanterre préfecture et accès A86. Soyez prudents», répondait un policier au précédent message.

Selon un article de Valeurs actuelles paru le 1er juillet, «un message troublant, qui mentionne une “Info Pharos” et “des menaces Al-Qaïda” détectées et “incitant à tuer des militaires et policiers” a aussi circulé parmi les forces de l’ordre». Le même article fait état de rumeurs mentionnant que des directeurs de salles de sport auraient fait fuiter les noms de leurs clients qui bénéficient de la réduction «police/force de l’ordre». «Qu’il y ait des menaces, oui, mais sur les salles de sport, je n’ai pas», dément toutefois auprès du journal «une source policière informée».

Sapeur-pompier intervenant à Nanterre, le 29 juin 2023 (image d'illustration).

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Dans un témoignage audio diffusé le lendemain, un policier explique que sur les téléphones saisis aux personnes en garde à vue, ses collègues ont trouvé des messages «très inquiétants». Outre des plans pour attaquer des commissariats et commerces en région lyonnaise, ils ont pu entendre des déclarations dans lesquelles «les délinquants exhortent leurs confrères à bloquer les grands axes pour fouiller les voitures et trouver des flics en civil pour les passer à tabac».

Une résidence du domaine pénitentiaire de Nanterre attaquée

Un message audio d’une policière affectée à ce commissariat témoigne de l’inquiétude générale : «On a une collègue qui s’est fait suivre chez elle ce matin. Le parquet et l’OPJ ne font rien. Alors on fait quoi ? Les collègues sont en train de péter un plomb.»

Des menaces de s’en prendre aux forces de l’ordre jusque dans leur domicile parfois mises à exécution, comme dans la nuit du 30 juin au 1er juillet à Nanterre. Selon un témoignage diffusé par CNews, une résidence du domaine pénitentiaire de Nanterre, où vivent des familles rattachées aux ministères de la Justice et de l’Intérieur, a été prise d’assaut par une vingtaine d’individus. Armés de pierres et de mortiers d’artifice, ils s’en sont pris aux habitations et aux véhicules des résidents. Ceux-ci n’ont dû leur salut qu’à leur mobilisation, puisqu’une vingtaine d’entre eux se sont procuré des barres de fer ou des battes de base-ball pour s’opposer aux émeutiers et les mettre en fuite.

Une histoire qui se termine donc bien puisque les représentants des forces de l’ordre étaient concentrés dans la même résidence. Un policier vivant isolé de ses collègues aurait-il la même chance ? «Mes gars rentrent tous armés. On ne touche pas à nos familles ! Magnanville reste dans les mémoires même chez les jeunes», confie un officier de police à Valeurs actuelles. Magnanville dans les Yvelines, où un policier et sa compagne avaient été tués sous les yeux de leur enfant par Larossi Abballa, un islamiste radical se réclamant de l’État islamique, le 13 juin 2016, à leur domicile.

Marseille : deux policiers lynchés par une vingtaine d’individus, l’un des deux poignardé

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