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Pourquoi les Américains ont peu de raisons de se réjouir en ce moment

L’augmentation du coût de la vie, le mécontentement à l’égard des responsables politiques, ainsi qu'une solitude écrasante : voilà ce qui démoralise au Pays de la liberté, estime le journaliste américain Robert Bridge.

Cet article a été initialement publié sur RT International par Robert Bridge est un écrivain et journaliste américain, auteur du livre « Minuit dans l’Empire Américain : comment les corporations et leurs serviteurs politiques détruisent le rêve américain ».

De la faiblesse de l’économie et la forte inflation jusqu’au manque de confiance dans les dirigeants politiques, les Américains expriment leur mécontentement sur plusieurs aspects de leur vie quotidienne. 

Dans le Rapport mondial sur le bonheur, les États-Unis ont reculé de huit places, passant à la 23e position. Pour un pays qui est associé à des sourires blancs nacrés, il s’agit d’un minimum historique. De plus, c’est la première fois depuis la création de ce classement que les États-Unis ne figurent pas parmi les vingt pays les plus heureux du monde.

Alors, qu’est-ce qui tire les Américains vers le bas ? L’économie, qui a laissé beaucoup de personnes sur le carreau, alors que les riches ne cessent de s’enrichir, serait probablement un bon départ. Les prix à la consommation des articles d’épicerie de base restent supérieurs à ce qu’ils étaient en janvier 2021 lorsque le président Joe Biden est entré en fonction. Les prix du poulet (26%), du pain (30%), du sucre (44%) et du beurre (27%) sont suffisants pour faire exploser la colère des acheteurs, alors qu’un repas au restaurant est devenu un luxe rare pour beaucoup de consommateurs en proie à des problèmes financiers. Parallèlement, les loyers ont monté en flèche de 20% durant la même période.

Le système politique américain ne convainc plus

Outre cette mauvaise surprise sur leur facture, les Américains expriment également un grand scepticisme à l’égard du système politique. Une étude approfondie menée par le centre de recherches américain Pew Research Center a mis en lumière un haut niveau de mécontentement, aussi bien envers les trois branches du gouvernement qu’envers les Partis démocrate et républicain, ainsi que les candidats aux élections.

Le cargo Dali repose sous les restes tordus du pont Francis Scott Key, qui a été détruit lorsque le navire est entré en collision avec lui plus tôt cette semaine, le 28 mars 2024 à Baltimore, Maryland (photo d’illustration).

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Voici une autre conclusion de l’étude : seuls 4% des adultes américains trouvent que le système politique fonctionne extrêmement bien ou très bien, 23% affirmant que le système marche plutôt bien. Environ six personnes sur dix (63%) ne font pas trop confiance ou n’ont aucune confiance en l’avenir du système politique américain.

Un nombre croissant d’Américains éprouvent du mépris envers les deux partis politiques. Environ trois personnes sur dix (28%) expriment des opinions défavorables sur eux, ce qui représente le pourcentage le plus élevé en trente ans, depuis que ce sondage est mené. Une proportion comparable de répondants (25%) ne se sentent pas représentés par l’un ou l’autre parti.

Alors que depuis presque deux décennies la confiance envers le gouvernement était restée à son plus bas historique, de nos jours elle atteint les plus bas niveaux depuis presque sept décennies. Et maintenant, trois ans après les protestations du 6 janvier au pied du Capitole, plus d’Américains pensent que leur pays se dirige vers un effondrement politique.

La démocratie américaine « menacée » ?

D’après un sondage mené par YouGov pour CBS datant de janvier, 49% des répondants s’attendent à une certaine violence dans les échéances politiques à venir, comme l’affrontement entre Donald Trump et Joe Biden le 4 novembre. Dans le même temps, 70% sont d’accord avec l’affirmation que la démocratie américaine est « menacée ».

Le peuple américain n’a jamais assisté depuis la guerre de Sécession à des divisions politiques aussi marquées, et bien que les problèmes soient tout à fait différents, il semble que ce ne soit qu’une question de temps avant que les uniformes bleus et gris ne soient de nouveau à la mode.

Les Démocrates et les Républicains sont piégés à l’intérieur de leurs propres chambres d’écho à toute épreuve, d’où il est impossible d’entendre les adversaires politiques de l’autre bord. Ce manque de dialogue national, aggravé par les médias ouvertement pro-libéraux, est ce qui a engendré la soi-disant insurrection du 6 janvier et pourrait facilement provoquer un jour ou l’autre une nouvelle flambée de violence.

Le sentiment de solitude est un autre facteur qui tire les Américains vers le bas. En 2023, l’administrateur de la santé publique des États-Unis Vivek Murthy a qualifié la solitude « d’épidémie de santé publique ». Le récent sondage mensuel sur la santé mentale mené par l’Association américaine de psychiatrie révèle qu’au début de l’année 2024, 30% des adultes ont affirmé avoir éprouvé au cours de l’année écoulée un sentiment de solitude au moins une fois par semaine, alors que 10% disent éprouver de la solitude tous les jours.

De manière surprenante, ce sont les jeunes qui éprouveraient le plus souvent ces sentiments, avec 30% des Américains âgés de 18 à 34 ans «éprouvant de la solitude tous les jours ou plusieurs fois par semaine », alors que les adultes célibataires sont presque deux fois plus susceptibles que les adultes mariés d’avoir connu la solitude toutes les semaines (39% contre 22%) pendant cette dernière année.

L’inflation galopante a suscité une profonde méfiance envers les responsables politiques et les corporations.

Parallèlement, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies déclarent qu’environ un Américain sur dix âgé de 12 ans et plus prend des antidépresseurs. Plus de 60% des Américains qui prennent des antidépresseurs suivent ce traitement depuis deux années ou plus, avec 14% prenant ces médicaments depuis dix ans ou plus.

Alors quelles sont les raisons pour lesquelles les Américains sont en grande dépression ? Inutile de dire que l’inflation galopante a suscité une profonde méfiance envers les responsables politiques et les corporations qui, à ce qu’il semble, ne sont sur le marché que pour dépouiller le consommateur impuissant.

Cet éloignement des pouvoirs en place, accompagné du sentiment de solitude engendré par une société déconnectée qui ne se réunit le plus souvent qu’en ligne, a provoqué urgence en matière de santé mentale.

Comment le peuple américain peut-il réparer sa société cassée ? La seule réponse, semble-t-il, serait de commencer à briser les murs qui séparent les différentes couches de la société en vue d’entamer une véritable conversation nationale.

Quels sont donc les endroits les plus heureux du monde ? Selon le Rapport mondial sur le bonheur, il se trouve que la majorité des pays qui occupent les dix premières positions dans le classement sont, d’une manière surprenante, principalement des pays nordiques qui ne reçoivent que le minimum de soleil : la Finlande, le Danemark, l’Islande, la Suède, Israël, les Pays-Bas, la Norvège, le Luxembourg, la Suisse et l’Australie.

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