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Débordés, 90% des soignants des urgences en arrêt-maladie à l’hôpital de Pontoise

Souhaitant tirer la sonnette d'alarme quant à leurs conditions de travail très dégradées, la plupart des soignants des urgences de l'hôpital de Pontoise ont décidé de se mettre en arrêt-maladie, à l'instar du personnel épuisé d'autres établissements.

La plupart des soignants des urgences de l’hôpital de Pontoise (Val-d’Oise) ont déposé ce 9 janvier des arrêts-maladie pour alerter sur la dégradation de leurs conditions de travail, une démarche inédite selon les personnels qui ont participé à cette action.

«90% de l’effectif soignant des urgences adultes de l’hôpital de Pontoise est en arrêt maladie depuis ce matin, une grande première en Ile-de-France !! Les agents se retrouvent dès 9h à la Direction», a tweeté le compte UrgencesEnArrêtMaladie qui regroupe des soignants de ce service.

Les personnels demandent des effectifs supplémentaires de jour comme de nuit et l’activation immédiate du «plan blanc» afin de libérer des lits, alors que continue à sévir une triple épidémie hivernale de Covid-19, grippe et bronchiolite.

Conséquence de la conjonction de l’afflux de malades et du manque de soignants, des patients attendent parfois plusieurs dizaines d’heures avant d’être pris en charge : cette situation dramatique a entraîné en décembre, selon le syndicat Samu-Urgences France, au moins 27 morts à l’échelle nationale.

Jean-Luc Mélenchon le 6 janvier en visite à Cayenne.

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S’agissant plus particulièrement des soignants de Pontoise, le secrétaire départemental UNSA Santé sociaux public et privé du Val-d’Oise Eric Boucharel a affirmé qu’«ils sont tous dans un état psychologique déplorable», car ils doivent «venir bosser avec le risque de perdre un patient parce qu’on n’a pas quatre bras et que la direction reste sourde». C’est la première fois que la crise des urgences prend une telle ampleur en région parisienne, selon ce syndicaliste.

«Une grande majorité des personnels de jour aujourd’hui n’ont pas pris leur poste aux urgences», a confirmé devant la presse le directeur de l’hôpital Novo de Pontoise, Alexandre Aubert, selon qui le mouvement touche 49 personnes, soit «63 % de l’équipe globale».

La direction et les personnels doivent se réunir le 10 janvier pour tenter de trouver une solution à la crise. Dans l’intervalle, l’agence régionale de santé d’Ile-de-France a annoncé la mise en place d’une «régulation» pour organiser l’orientation des patients vers d’autres structures de santé environnantes.

Comme le souligne CNews, la Premier ministre Elisabeth Borne s’était rendue au centre hospitalier de Pontoise en juillet, visite au cours de laquelle elle avait assuré que le gouvernement avait bien retenu «toutes les propositions» de la «mission flash» sur les urgences lancée par le ministre de la Santé François Braun, qui préconisait 41 mesures pour désengorger les hôpitaux. Elle avait alors confirmé un «complément de rémunération» pour le travail de nuit, ainsi qu’une hausse de 50% pour les gardes des médecins, mesures qui n’ont manifestement pas suffi à remédier à la situation.

Bienvenue dans le tiers-monde !

Dans l’Est de la France, les urgences de Sarreguemines et de Thionville en Moselle connaissent également des tensions et de nombreux arrêts maladie depuis fin décembre : dans le cas de l’établissement de Thionville, 93% des soignants (55 sur 59) ont décidé de se mettre en arrêt-maladie la semaine précédente. «Bienvenue dans le tiers-monde !», avait lancé un usager, tentant de faire prendre en charge un proche malade, au Parisien qui a consacré le 6 janvier un reportage à la situation très dégradée sur place, tant pour les personnels que pour les patients. Le même jour, la préfecture et l’ARS locales ont déclenché le «plan blanc» dans tous les établissements de santé du département.

Le 6 janvier également, Emmanuel Macron a présenté ses vœux au personnel de la santé au cours d’une visite au Centre hospitalier sud francilien (CHSF) de Corbeil-Essonnes (Essonne), en banlieue parisienne. Face à la crise aigüe de l’hôpital, il a prôné une réorganisation d’ensemble ainsi qu’une série de mesures pour faciliter l’accès des patients à un généraliste, affichant sa volonté de «sortir de ce jour de crise sans fin» du système de santé français. Pour le président de la République, les problématiques d’organisation, en particulier de temps de travail, sont essentielles dans la mesure où l’Etat a fourni, selon ses mots, «le plus gros effort financier de notre histoire du système de santé au moment du Covid et en sortie de Covid».

Il s’est attiré à cette occasion les critiques d’une partie de l’opposition, le leader de La France Insoumise Jean-Luc Mélenchon ne voyant dans ses propos que «bavardages inutiles et méprisants pour les gens».

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